La forêt Amazonienne s'étend sur 6,9 millions de km2 et se trouve dans 9 pays de l’Amérique du sud. Véritable puits de carbone, riche par sa biodiversité, elle représente 5% de la surface terrestre et abrite près de 10% des espèces animales et végétales. Elle est fondamentale pour notre survie ainsi que celle de la planète, mais aujourd’hui plus que jamais, elle est en danger. En 2020, en seulement un an, plus de 1,1 million d’hectares de forêts brésiliennes ont disparu, un tragique record recensé depuis plus d’une dizaine d'années. Cette perte en superficie équivaut à un pays comme le Qatar. Au cours de la dernière décennie, ce sont 6,7 millions d’hectares de la forêt amazonienne brésilienne qui sont partis en fumée (source : TerraBrasili ). À cette fréquence, la déforestation de l’Amazonie aura de lourdes conséquences et des répercussions désastreuses pour la vie sur terre. C’est une urgence de santé publique et climatique. Mais alors, quels sont les causes et les intérêts liés à la déforestation si massive et si rapide ?
Cuir et déforestation
L’une des causes les plus inquiétantes de la destruction de la forêt amazonienne est l’industrie bovine. Selon une étude menée par World Ressources Institute, “sur sept produits analysés, l’élevage bovin a de loin remplacé le plus de forêts. Les pâturages pour bovins occupent maintenant 45,1 millions d’hectares de terres déboisées entre 2001 et 2015.” L’industrie bovine est donc le principal moteur de la déforestation, loin devant la culture du soja, de l’huile de palme, de cacao ou bien du café. À elle seule, elle est responsable de 80% de la déforestation de l’Amazonie. Les terres déboisées sont utilisée soit pour le pâturage du bétail, soit pour la production de céréales destinées à les nourrir.
Avec plus de 210 millions d'animaux, le Brésil est le premier pays producteur au monde de viandes bovines, suivi de l’Inde et des États-Unis. Sur l'ensemble de cet élevage, 80% des peaux de vache sont exportées, à destination principalement de l’Italie (29%) et de la Chine (47%) (Rapport : Rainforest Foundation Norway). Le fort développement de cette industrie est poussé par une demande croissante mondiale en viande et en cuir.
Le cuir, une filière difficilement traçable
De l’élevage de l’animal jusqu’au cuir fini, plusieurs étapes se succèdent.
Au Brésil, l’origine exacte du cuir est difficilement traçable. Une des causes essentielles qui rend les industriels incapables de savoir si le bétail est né sur une terre déboisée est dûe au fait que les animaux ne restent pas durant toute leur croissance dans le même élevage. Pendant les différentes étapes de leur vie, ils sont transportés d’une ferme à une autre, rendant la traçabilité du bétail jusqu’à leur lieu de naissance impossible. Deux types de fournisseurs de bétail se distinguent, les fournisseurs directs et indirects. Et bien souvent l’origine de l’animal provient de fermes ayant des liens bien connus avec le bétail élevé sur des terres amazoniennes récemment déboisées. Le cœur du problème est le manque de traçabilité de l’origine de l’animal et par conséquent l’origine du cuir, qui ne permet pas aux entreprises, qui se trouvent plus loin sur la chaîne d'approvisionnement, de garantir un cuir sans déforestation.
Le Leather Working Group est le principal organisme international d’audit et de certification. Il évalue la conformité environnementale et les capacités de performance de ses membres notamment les fabricants de cuir. Créé en 2005 à l’initiative d’un ensemble de marques et de tanneries, il permet de promouvoir des pratiques environnementales durables. Mais dans un de ces derniers rapports, le LWG indique qu’il ne lie le cuir qu'aux tanneries et non aux fermes ou aux chaînes d'approvisionnement, ce qui le rend incapable de garantir que les produits en cuir sont exempts de déforestation.
La traçabilité dans les chaînes d'approvisionnement du cuir reste encore un long et difficile chemin à parcourir. Mais la demande croissante d’une traçabilité jusqu’à la ferme d’élevage a poussé l’organisme LWG a revoir et augmenter ses exigences d'audit concernant la provenance des matières premières des zones à risques de déforestation illégale.
Le deuxième importateur mondial de cuir brésilien et le plus grand pays importateur en Europe est l’Italie.
82 % des fabricants de cuir européens y sont basés. Cette industrie comprend les tanneries et les fabricants spécialisés dans la chaussure, la mode, les secteurs de l'ameublement et de l'automobile.
Selon SlowMotion “Si vous portez des chaussures en cuir, une ceinture en cuir ou un sac à main en cuir, il est fort probable qu'il soit fait de peau de vache qui a contribué à la destruction de la forêt amazonienne.”
Bien qu'aucune des marques ne choisisse délibérément le cuir de la déforestation, elles s’approvisionnent auprès de fabricants et de tanneries dont le cuir est lié à la déforestation.
Alors que la déforestation est au coeur des sujets actuels, les contrôles systématiques des tanneries et des chaînes d'approvisionnement n'en sont encore qu'à leurs balbutiements.
Consciente de ce désastre environnemental, la Commission européenne a publié, le 17 novembre dernier, une proposition de loi proposant d’interdire l’importation de produits liés à la déforestation. Dans le viseur de l’Union européenne : le café, le cacao, le soja, le bœuf ainsi que le cuir dont il est un dérivé.
Si vous souhaitez signer la pétition : WWF pour une loi contre la déforestation.
Découvrez notre article : Déforestation, quelles sont les causes et les conséquences ?
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